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Sorcière des Villes, Curieuse des Champs
15 septembre 2019

le miel de paris

 

J'ai récemment vu passer une drôle de vidéo de Brut ... Dynamiques, concises, ces vidéos ont le vent en poupe sur les réseaux sociaux. Son visionnage m'a laissée perplexe. Je vais tâcher ici de faire le tri dans mes pensées, et soulever ces points qui me chiffonnent.

 

 

 

"Les abeilles vivent mieux en ville qu'à la campagne"

Selon la vidéo, la pollution liée aux hydrocarbures et moins fatale aux abeilles que les pesticides. Ceci est peut-être vrai (mais on n'aura pas de source) mais je me demande... De quelle campagne parlons-nous ? L'image à l'écran nous montre un super tracteur en plein épandage sur une grande parcelle en monoculture, au millieu d'autres semblables. Une illustration parfaite de l'agriculture industrielle. Est-ce là la représentation typique de la campagne ? Bien sûr, une grande partie de nos terres est malheureusement cultivée ainsi, mais pourquoi en opposition à la ville, parler de " LA campagne" avec cette unique représentation, digne des rebords d'autoroutes ? Cette affirmation est assez malhonnête ...

 

"Les miels urbains sont souvent plus complexes en terme de saveur"

On nous explique que c'est à cause de la monoculture, qui offrirait peu de choix aux pollénisateurs, alors que la ville proposerait une plus grande diversité de végétaux. Là, je suis abasourdie. Je ne sais pas comment les auteurs de la vidéo se représentent l'apiculture. S'imaginent-il que les ruches sont posées entre deux champs de betteraves en culture intensive ? Pensent-ils vraiment qu'un miel de lavande, ou de châtaigner est moins "savoureux" du fait qu'il soit monofloral ? Ont-ils jamais fait le tour des marchés et des foires pour goûter le miel d'artisans passionnés ? Tilleuil, thym, sarriette, lavande, chataîgner, cactus (vive l'Espagne !), acacia, bruyère, framboisier, sainfoin ... La liste de tout ces délices est longue ! En version "diversité" : garrigue, montagne, toutes fleurs, ... Et tout ceci vient de la campagne ! Mais pas celle de la vidéo.

Le miel de Paris est sans doute déliceux, mais pourquoi le valoriser sur ces critères stupides ?

 

Une opposition malvenue

Je suis mal à l'aise avec l'idée d'opposer ainsi la ville et la campagne, surtout en ne montrant qu'un aperçu industriel de cette dernière, comme si nous n'étions jamais sortis de nos cités. Voit-on vraiment la campagne ainsi depuis Paris ? Est-ce que la mise en avant du miel des villes justifie une telle maladresse ? Cet article de Happyculteur est le plus intéressant (et le plus sourcé !) que j'ai trouvé, mais lui aussi tombe dans ce travers.

Je vous invite réellement à vous promener partout, faire les marchés, parler aux artisans. Tout autant que de goûter ce fameux Miel Béton, et de vous intéresser aux autres  démarches écologique de vos villes =)

 

  * EDIT *

Les ruches en villes

Dans sa chronique "detox" sur France Inter (écoutez-la ici), Caroline Tourbe nous alerte sur le danger de cette démocratisation du miel et des ruches en villes. En croyant "sauver la biodiversité", et en développant ce nouveau business, les entreprises, les villes et les particuliers participent en fait à sa dégradation. Elle nous rappelle que la France compte jusqu'à 1000 espèces d'abeilles sauvages, et que ces dernières souffrent de la concurrence avec notre favorite, Apis Meliffera, l'abeille dosmestique, celle qui nous "procure" le miel. En effet, nos travailleuses acharnées sont infiniment plus productives, et donc voraces que leurs parentes ; elles engloutissent tout le nectar à leur portée (leur portée étant d'ailleurs plus étendue que celle des sauvages, dépendantes de leur environnement proche). Isabelle Dajoz, professeure d'écologie, et Vincent Sonnay, biologiste, vous l'expliquent dans cet article.

C'est d'autant plus dommage que Paris, comme d'autres grandes villes, abrite quelques populations d'abeilles sauvages, et c'est cette biodiversité déjà présente qu'il est intéressant d'oberver, et protéger. Pourtant, maintenant, sa densité d'abeilles domestiques est trois fois plus élevée qu'à la campagne ! De plus, il n'y a pas que les abeilles qui soient pollénisatrices, mais quantité d'insectes : guèpes, papillons, mouches ...

Il est sage de se renseigner sur son impact écologique, lorsque l'on introduit une espèce, quelle qu'elle soit dans les environnements qui nous entourent. En outre, peut-être une remise en question de notre consommation de miel s'impose. Moi qui en raffole, voilà de quoi y réfléchir ...

 

 

 

 

 

 

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De la ville à la campagne, du métro ronronant aux bois silencieux, des barres d'immeubles et rues colorées aux parcelles fleuries et montagnes majestueuses... entre ces mondes des liens, des réflexions, des idées, et, surtout, des remises en question.


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